Rêve d’Eléphant Orchestra a vingt ans ! Et danse, danse, danse…





© Lucas Racasse



Faire vivre un orchestre de sept musiciens depuis vingt ans, c’est quasi inimaginable aujourd’hui où on ne vit que de changements de projets. Mais le « Collectif du Lion », c’est une famille qui crée sans arrêt. Pour rappel, toute cette aventure est racontée dans l’ouvrage « Sur la Piste du Collectif du Lion » (éditions PAC). Petit retour au parcours de l’Eléphant avec Michel Debrulle.

Avant de devenir « Orchestra », « Rêve d’Eléphant » nait comme un projet lié à un spectacle chorégraphique avec la danseuse Filipa Cardoso – « à l’Espace Brasseurs dans le cadre des Rencontres d’Octobre » rappelle Michel Debrulle. Puis avec Anne Mousselet à la Balsamine à Bruxelles, avec deux musiciens, le batteur Michel Debrulle et le tubiste/tromboniste Michel Massot :

« J’ai entamé ce projet de danse parce que j’avais flashé sur la thématique de l’éléphant. On a imaginé ce spectacle tournant autour de cet animal. Michel s’est joint à nous pour la Balsamine. On a ensuite fait des bandes sur lesquelles on avait invité Pierre Bernard et Jean-Yves Evrard. Plus ou moins en même temps, j’avais en tête de créer un trio de percussions, et j’ai contacté Stephan et Etienne. S’est alors aussi formé un quintet flûte, guitare, tuba/trombone, batterie et Laurent Blondiau à la trompette. A l’époque, j’écoutais mon grand mentor Kip Hanrahan qui avait toujours minimum deux batteurs et un percussionniste… C’est là que je me suis dit qu’on pourrait grouper le quintet et le trio de percussions. C’est à ce moment que c’est devenu « Rêve d’Eléphant Orchestra » dont le répertoire est né des deux projets à la fois. C’est pourquoi plusieurs compositions du premier album sont co-signées, et encore plus dans le deuxième album où beaucoup de morceaux viennent de l’écriture pour les percus, des maquettes sur lesquelles Pierre (Bernard) et Michel (Massot) ont composé. Comme il n’y avait pas de bassiste dans le groupe, on a beaucoup travaillé sur les grosses caisses des trois percussionnistes.» 

L’arrivée du flûtiste Pierre Bernard, du guitariste Jean-Yves Evrard, du trompettiste Laurent Blondiau et de deux percussionnistes donne donc naissance à la première mouture du « Rêve d’Eléphant Orchestra » lors d’un premier concert au Festival de Nimègue aux Pays-Bas. On est en novembre 2000. Vingt ans plus tard, « REO » - pour faire plus court – est toujours considéré comme une des formations majeures du paysage musical belge. Tout de suite, les percussions prennent une importance considérable dans la musique du septet. Rythme, danse, ondulation font partie de l’ADN du groupe : tablas indiens d’Etienne Plumer dès le premier disque, congas d’Amérique du Sud, derbouka d’Afrique du Nord, mais aussi bohdran irlandais ou tapan de l’Est donnent les couleurs tout de suite identifiables à une musique inclassable :

« L’ensemble de percussions, ça a toujours trois batteries plus les tablas, derbouka, daf, gongs par Stephan qui est le plus poly-instrumentiste des trois. »

Pourrait-on classer l’orchestre dans le rayon de la musique universelle, celle qui mixe le jazz, le funk, le rock et ses stridences de la guitare électrique ?

Un an plus tard, la première galette de « REO » sort sur le label W.E.R.F. avec le soutien de la Communauté… flamande : « Racines du Ciel » est un succès total, les ventes dépassant largement les chiffres auxquels est habituée l’appellation jazz, ce sera aussi le cas pour « Lobster Caravan ». Pour la sortie de ce deuxième album, le texte de pochette associe, l’ingé-son Christine Verschorren au rang des contributeurs de la musique de « REO » ; la « sage-femme des sons » et « l’ingénieuse du son » comme on l’a appelé. Elle deviendra jusqu’à aujourd’hui indissociable du collectif.  Suit « Pourquoi Pas Un Scampi ?»  - un titre qui traduit bien le lien de la formation avec un surréalisme typiquement belge - et sa vision d’un madrigal du 14e siècle : 

« C’est Stephan qui a apporté l’idée de la musique de Jacoppo di Bologna « sur « Pourquoi pas Un  Scampi ? » On s’est dit pour ce disque qu’on pouvait amener des morceaux de l’extérieur. Suite à ça, Tarquin Billiet, alors directeur de Ars Musica, nous a demandé une création sur la musique baroque du 15e siècle… On s’est dit qu’on n’avait pas le genre de formation pour ça, rythmiquement c’était moins porteur… On a proposé Messiaen, Stravinsky… et l’apport de textes. Tarquin Billiet a entretemps quitté Ars Musica, mais on a gardé l’idée du projet qu’on a proposé à Rik Bevernage chez De Werf. Il nous a fait pleinement confiance, même si les textes en français auraient pu être un frein par rapport à leur ligne éditoriale. »

C’est la naissance de « Odyssée 14 » avec les textes et le côté plus théâtral.

« Dommage que le projet n’a pas plus tourné car le public marchait à fond… faut dire que tourner à neuf ce n’est pas évident. » 

Sur les voix de Thierry Devillers et David Hernandez se croisent textes de Rimbaud, de Pablo Picasso, d’auteurs liégeois et la musique de Stavinski retravaillée par le flûtiste Pierre Bernard, sans doute l’œuvre la plus sophistiquée de « REO ».

« Ici, Etienne a amené un pad électronique et Stephan toute sa panoplie. »



« Dance Dance » est le tout chaud disque de « REO » :  

« Pour ce projet, on retourne dans un truc un peu plus « classique » à part qu’il y a tout de même deux batteurs. Jusqu’à cet album-ci, c’était un peu ma responsabilité de partager du matériel rythmique pour que chacun ait une matière spécifique. Le fait de n’être que deux batteurs redistribue un peu les cartes. Il a fallu se trouver autrement. Par la présence d’une basse, Stephan et moi avons trouvé un espace de liberté plus grand. »

Deux changements de line-up donc pour « Dance Dance » : l’arrivée du trompettiste allemand Christian Altehülshorst, et la basse de Louis Frère qui remplace les percussions d’Etienne Plumer : 

« Lorsqu’on a eu une commande pour l’exposition du Cirque Divers, au Musée de la Vie Wallonne, le commissaire de l’exposition nous a proposé un événement pour l’expo. En fait, l’expo était très intéressante mais y manquait quelque chose d’important : la musique. On s’est dit qu’on allait faire un parcours guidé autour de certaines stations de l’expo avec des haltes musicales en collaboration avec « L’œil Kollectif ». On s’est réparti les interventions en mélangeant les musiciens. Lors d’un duo de Louis Frère et Nicolas Dechêne, on s’est dit qu’on pouvait joindre une basse au groupe, d’autant que Louis est très doué, qu’il compose et qu’il bidouille aussi dans l’électro avec intelligence. C’est un gars de la jeune génération qui est ouvert à beaucoup de choses. »

L’album s’ouvre sur un jeu de percussions, histoire de rappeler les tout débuts de l’aventure de l’Eléphant ?

« On n’y a pas pensé. Ce morceau a été composé par Michel Massot pour un festival sur l’accompagnement de films muets à BOZAR. On a accompagné un film magnifique de soixante minutes de Buster Keaton. C’était avec « Trio Grande », Nicolas Dechêne et Jean-Paul Estiévenart. Michel a composé ce morceau sur un passage du film où il y avait un vieux tchouk tchouk (sic) sur lequel on faisait une rythmique un peu plus lente avec les shakers. Michel l’a proposé dans une version un peu plus rapide pour le disque, c’est pour ça que le morceau s’intitule « BK ». IGLOO sort ce morceau en single le 15 octobre »

Si on trouve une référence à la musique du 14e dans « Pourquoi pas un Scampi », et  à Stravinsky sur « Odyssée 14 », ici « Fureur Volatile » cite Olivier Messiaen :

« C’est une courte citation extraite du « Quatuor pour la Fin des Temps ».

« Dance Dance » est une co-production IGLOO Records et W.E.R.F.; se retrouvent ainsi les traces d’un parcours qui a mené le « Collectif du Lion » du label IGLOO à ses débuts à la confiance de Rik Bevernage chez De Werf Bruges.

© Jean-Pierre Goffin
En partenariat avec jazzaroundmag


En concert :

à BOZAR le 21 octobre 2020 ( dans le cadre de l’exposition « Danse brut »)
à Brugge le 14 novembre 2020
à Comines (Open Jazz) le 29 janvier 2021
à Lessines le 30 janvier 2021


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