Rêve d’Éléphant Orchestra, Odyssée 14

Rêve d’Éléphant Orchestra, Odyssée 14

R

W.E.R.F.

Le label WERF célèbre la sortie de son 130e album: Odyssée 14, un voyage à travers le temps concocté par Rêve d'Eléphant Orchestra, une des formations phares du Collectif du Lion, cette ASBL liégeoise fondée par Michel Debrulle il y a 25 ans et qui a vu naître des groupes comme Trio Bravo, Glasnotes, la Grande Formation, Trio Grande, Bathyscaphe ou All is pretty. Sortir un quatrième album après le succès de ses précédents (Racines du ciel, Lobster Caravan, Pourquoi pas un scampi?, tous sur le label WERF) pouvait comporter un danger: donner l'impression de se répéter, de ne pas surprendre le public au travers d'un répertoire résolument novateur. Ce serait mal connaître Michel Debrulle et ses acolytes.

A la base de la formation, on retrouve la jungle foisonnante des percussions: trois batteries, grosse caisse de Binche, tablas, congas, bodhran, daf, cajon de Michel Debrulle, Etiennne Plumer et Stephan Pougin.
Et puis les deux principaux compositeurs du répertoire: Pierre Bernard, flûte et flûte basse ainsi que Michel Massot qui, cette fois, au trombone et à l'euphonium (petit tuba), a ajouté un éléphantesque sousaphone, grand tuba basse enroulé en spirale, invention de John Philip Sousa destinée au départ aux marching bands de La Nouvelle Orléans.
Mais Rêve d'Eléphant a aussi toujours eu l'art d'intégrer de nouveaux musiciens en conservant la parfaite cohésion et complicité du groupe. Cette fois, deux nouveaux musiciens: à la trompette et au bugle, Jean-Paul Estiévenart, de plus en plus polyvalent (pensez à son intégration parfaite au sein de Mik Mâäk) succède à Laurent Blondiau et Alain Vankenhove; à la guitare, Nicolas Dechêne prend la relève de Jean-Yves Evrard et Benoist Eil, en apportant au septet de nouvelles couleurs grâce à cette alternance entre guitares électrique et acoustique. Enfin, résolument transgenre et volontiers pluridisciplinaire, REO a toujours eu l'art de jeter des ponts entre différents styles musicaux et différentes expressions artistiques (musique, références littéraires, danse).
Pour cette Odyssée, la formation accueille deux invités: au chant et aux récitatifs, Thierry Devillers (le fidèle compagnon de All is pretty aux accents rocks) et David Hernandez (danseur et chanteur croisé au sein de PARTS, l'école de danse d'Anne Teresa De Keersmaeker). Une manière aussi de jeter des ponts entre différentes formations, d'une part, Rêve d'Eléphant Orchestra et sa jungle sonore, de l'autre, Glasnotes et All is pretty avec les textes corrosifs choisis par Thierry Devillers.
L'album s'ouvre avec Sur la route, composition de Pierre Bernard, très représentative des subtiles alliances sonores du septet, sur fond de guitare acoustique et avec un beau solo de flûte. Pour Agitprop, sur fond de sousaphone et de percussions, Nicolas Dechêne passe à la guitare électrique en parfait accord avec le texte ironique imaginé par Thierry Devillers et interprété à deux voix: "If you want to be above the common man, do an orgy of nothing". La complémentarité entre la voix de Thierry Devillers et celle de David Hernandez est parfaite, comme le solo de trompette bouchée de Jean-Paul Estiévenart. La Folle Impatience, mélodie sautillante de Michel Massot, allie, avec bonheur, trompette, flûte, euphonium, guitare acoustique et percussions colorées. Lui succède The Man who taught his asshole to talk, extrait du sulfureux Naked Lunch de William Burroughs: un récitatif acerbe interprété par David Hernandez sur fond de percussions foisonnantes. Sur Le Sacre de l'Eléphant, composé par Pierre Bernard en référence au Sacre du Printemps, après une intro de flûte et trombone à laquelle succède la jungle des cuivres, guitare électrique et batterie électronique, Thierry Devillers vient déposer un extrait de Parade d'Arthur Rimbaud. A ce déchaînement à l'énergie très rock, succède un extrait de la baroque "Folia" de Marin Marais qui a inspiré à Thierry Devillers un nouveau texte à l'humour désenchanté: Tavern Song. Retour aux rythmes sautillants avec Le Jas de Bailles de Michel Massot, avec solo de guitare électrique sur fond de sousaphone. Folie, Folie, Folie de Pierre Bernard, ici à la flûte basse, débouche sur un nouveau récitatif extrait du surréaliste Désir attrapé par la queue de Picasso. A nouveau inspiré d'une Folia de Marin Marais, Dormaalocyon Iatouri devient un nouvelle réflexion surréaliste sur la fugacité des choses. Vient ensuite The Wind and the Rain, chanson du bouffon écrite par Robert Armin pour La Nuit des Rois de Shakespeare, une reprise du premier album de All is pretty, à l'époque où Thierry Devillers faisait partie de la troupe de théâtre Groupov. A la première version, chantée par Thierry Devillers sur un simple accompagnement de grosse caisse de Binche, succède un arrangement sophistiqué de Michel Massot: après une belle intro de sousaphone avec technique de multi-sons, les voix de Thierry Devillers et David Hernandez se marient en parfaite empathie. Le lyrique L'Eau de La de Michel Massot clôt l'album dans une subtile alliance entre trombone, bugle, flûte, guitare et percussions colorées.
Une vraie Odyssée à travers le temps, les styles de musique, les références littéraires et avec la possibilité, en concert, d'y ajouter
la chorégraphie contemporaine de David Hernandez: une vraie découverte mais qui s'inscrit pleinement dans la jungle sonore de la formation.

Claude Loxhay


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