Random House invite Adam O'Farrill

L'An Vert Liège, 29 mars 2019

On connaît bien tout le potentiel du quartet Random House: une des formations les plus originales de la scène belge. Une parfaite complicité entre l'alto volubile de Thomas Champagne et la guitare aux sonorités irradiantes de Guillaume Vierset: ce n'est pas pour rien qu'ils se partagent le travail d'écriture des compositions originales. A cela, s'ajoute une rythmique solide comme un roc: à la contrebasse, Ruben Lamon, du Bravo Big Band, allie sonorité ronde et vélocité de jeu; à la batterie, Alain Deval est constamment inventif et réactif.

Après l'album Sweet Day, Thomas avait l'intention d'accueillir un invité de marque pour élargir la palette sonore du groupe. Le choix s'est porté sur le trompettiste Adam O'Farrill que Thomas avait découvert lors d'un séjour aux Etats-Unis: "Il y a trois ans, explique le saxophoniste, je suis allé quelques semaines à New York pour découvrir l'énergie de la Grosse Pomme et j'ai pris quelques cours avec Ellery Eskelin que j'adore. Il jouait notamment en quartet avec Adam O'Farrill. Je les ai vus plusieurs fois et je suis tombé sous le charme du jeu d'Adam. Après la sortie de Sweet Day en 2017, on a voulu proposer une nouvelle formation avec invité. J'ai pris contact avec Adam qui a dit oui tout simplement".

Thomas ne s'est pas trompé dans son choix. Adam s'est parfaitement intégré et apporte toute sa puissance de jeu, sa sonorité éclatante qui galvanise ses partenaires.

"Adam a une grande liberté dans son jeu. Il est toujours intéressant et surprenant. Un Magnifique son aussi. Il est autant à l'aise dans des groupes complètement free que dans un quintet hard bop ou des musiques plus urbaines. Il insuffle une magnifique énergie et est toujours à l'écoute de ceux qui l'entourent."

Il est vrai que le trompettiste est tombé tout jeune "dans la marmite": "Adam vient d'une grande famille de musiciens. Son grand-père est Chico O'Farrill qui a travaillé avec Machito, partenaire de Charlie Parker comme de Dizzy Gillespie. Son père Arturo a été repéré à 18 ans par Carla Bley avec qui il a tourné plusieurs années. Il a travaillé avec le Lincoln Center de Wynton Marsalis et il dirige, avec son frère Zack qui est batteur, la quartet Stranger Days."

Une preuve de cette parfaite intégration, c'est que, au bout de 7 dates de concert, du Théâtre Marni à L'An Vert, en passant par le Leuven Jazz et le Hopper d'Anvers, mais aussi une séance d'enregistrement en vue d'un prochain album, l'Américain joue sans partition, il a parfaitement assimilé le nouveau répertoire composé, pour l'essentiel, par Thomas mais aussi par Guillaume et il a lui-même proposé deux titres personnels: Bad Date au groove échevelé et Tide au tempo plus apaisé.

Si sa sonorité éclatante se marie parfaitement à l'alto incisif de Thomas comme à la guitare inventive de Guillaume, il est particulièrement impressionnant dans ses solos virevoltants, notamment dans ce passage en duo avec la seule batterie d'Alain Deval, au cours du deuxième morceau du concert.

Enthousiasmé par le groove flamboyant du quintet, le public liégeois, très réactif, n'a eu de cesse d'applaudir avec vigueur, obtenant sans difficulté un généreux rappel.

Il n'y a plus qu'à attendre la sortie de ce futur album promis.

Texte © Claude Loxhay  -  photos © Robert Hansenne