Remembering Jaco & Zappa
Various
Naïve / Nomad - Outhere
Deux grandes formations pour deux albums "hommage" à des figures de proue de la "fusion": d'un côté, Jaco Pastorius, membre de Weather Report mais aussi d'un trio avec Albert Mangelsdorff (tb) et Alphonse Mouzon (dm), de l'autre, Frank Zappa, égérie du rock alternatif qui a invité nombre de musiciens de jazz comme Glenn Ferris (tb).
Deux grandes formations de musiciens, à la large palette sonore: 3 à 4 trompettes, 3 à 4 trombones, des multi instrumentistes, saxophones, clarinettes, flûtes et différents invités.
Autre argument, l'un ou l'autre membre commun: le trompettiste Claude Egéa (ONJ, Jazz Ensemble P. Caratini), le clarinettiste Stéphane Chausse, le saxophoniste Lucas Saint Cricq.
Mais par contre des orientations différentes.
Charlier-Sourisse: Multiquarium Big Band - Remembering Jaco
Naïve
Le binôme André Charlier (dm) - Benoît Sourisse (p, orgue) a décidé de revisiter le répertoire de Jaco Pastorius (des compositions du bassiste, Palladium de Wayne Shorter, le classique Invitation) et, pour cela, ils ont invité un guitariste de renom: Biréli Lagrène, ici à la guitare basse fretless, lui qui a croisé Pastorius à diverses reprises (en témoigne une photo de 1986 à Cologne). Le tout entrecoupé par quatre plages narrées par Peter Erskine, batteur de Weather Report, en hommage au bassiste.
Une masse sonore imposante, ce qu'avait déjà auguré l'album Multiquarium de 2016. Une équipe de renom, avec Claude Egéa ou Pierre Drevet (BJO, Jazz Ensemble de P. Caratini), Stéphane Guillaume, complice de Phil Abraham (ss, ts, fl, cl), Fred Borey (ts) de Lucky Dog avec Yoann Loustalot, Fred Couderc (bs, bcl), Denis Leloup (tb de l'ONJ, M. Petrucciani), Didier Havet (tbb) et Pierre Perchaud (fidèle de Charlier-Sourisse).
De beaux arrangements laissant de larges espaces aux solos: principalement Biréli Lagrène mais aussi Stéphane Guillaume (fl sur Used to be cha cha, ss sur Invitation; ts sur Palladium), Fred Borey (ts sur Speak like a child) Claude Egéa (flh Three views of a secret), Pierre Drevet (tp sur Palladium), Benoît Sourisse au piano (Barbary Coast) ou à l'orgue Fanny Mae).
Un album dans l'esprit très soul du duo de leader qui profite pleinement de la masse sonore de l'orchestre et l'expérience de chacun.
Thierry Maillard Big Band - Zappa forever
Nomad/Outhere
Une optique très différente: pas de compositions de Zappa mais des originaux du pianiste français avec une série de sept invités comme Chris Potter (ts), Gilad Hekselman (g) Stéphane Belmondo (flh), Franck Tortiller (vib) ou David Linx.
Ma première impression: une pochette très rock pour un album très jazz, avec une première curiosité: que va dire un spécialiste de Zappa?. D'où une lecture très intéressée de l'article, sur jazzaroundmag, de Claude Jalet, chroniqueur rock du magazine Moustique: "Zappa dessiné partout mais pas une note repiquée de Frank. Manque le côté massacreur, perturbateur... très peu de guitare" (pas de guitariste au sein du big band français, seul Gilad Hekselman en invité sur 4 Elements et Transition).
On ne peut qu'acquiescer, d'autant que par la suite, C. Jalet vante assez bien le travail de compositeur-arrangeur français. La référence à Zappa était-elle si indispensable? Les compositions du leader et la palette sonore très large de son Big Band ne se suffisaient-elles pas à elles-mêmes? Par exemple, les solos de Daniel Zimmermann (tb sur The Wall), Vincent Mascart (ss, sur The Wall), Samy Thiébaut (ts sur Island) Claude Egéa (tp sur Transition), Stéphane Chausse (cl sur Transylvanie).
De même pour les invités dont on se demande s'ils s'imposaient (Chris Potter au ténor sur deux plages, Gilad Hekselman sur deux autres, Stéphane Belmondo sur le seul Transylvanie). Exception faite pour le marimba et le vibraphone de Franck Tortiller sur Zappa for ever et Les Carpates et surtout David Linx qui illumine Island et Threads of gold (la plus belle plage de l'album).
Un double album plus aventureux, peut-être, que le précédent (C. Jalet parle même de tentations free). A vous de voir.
© Claude Loxhay