Jazz transalpin et voix…
Various
divers
Trois albums, trois manières d'aborder la voix et le chant. Signe d'une grande vitalité…
Gianmaria Testa - Prezioso
Bonsai
Gianmaria Testa a eu un parcours assez particulier: chanteur, guitariste autodidacte et, en même temps, chef de gare dans son Piémont natal.
Comme Paolo Conte, avec qu il présente certaines similitudes dans la manière d'aborder le chant, il incarne la plus pure tradition de la "canzione italiana" mais il a aimé s'entourer de musiciens de jazz. Pour son premier album, Mongolfières, enregistré en 1995 pour le Label Bleu, il accueille le clarinettiste-saxophoniste Piero Ponzo, membre du quartet de Carlo Actis Dato. Il a chanté avec les frères Moutin, Enrico Rava, Rita Marcotulli, Luciano Biondini et Paolo Fresu, notamment pour Altro Latitudine.
Après Men at work de 2013, il a composé une série de chansons qu'il n'a pas eu l'occasion de proposer à un label: il est mort en 2016 à 58 ans. Mais son épouse Paula Farinetti et l'ingénieur du son Roberto Farinetti ont décidé de présenter ces chansons inédites comme un travail de réflexion sur la gestation d'un album.
Sept chansons sont interprétées sobrement en formule dépouillée guitare-voix: de la poésie à l'état pur. Deux ont été enregistrées avec l'apport d'une clarinette mutine: Questa pianura avec Piero Ponzo et Nicola Negrini à la contrebasse et Anche senza parlare avec Giovanni Mirabassi. Enfin deux autres sont interprétées en duo vocal: La tua voce avec Bia Krieger et Erik West Millette à la contrebasse, Merica Merica avec Giuseppe Battiston.
Au total, onze chansons à texte abordant des thèmes chers à Testa, comme l'amour (La tua voce, Una carezza d'amor), l'attachement à sa terre (Questa pianura inspirée du Plat Pays de Brel), la nostalgie d'un certain passé (Povero tempo nostro) avec un regard amusé sur les dérives actuelles (Post-moderno rock).
Le livret comprend le texte de toutes les chansons: une manière aussi de plonger dans cette langue vocalique: "la piu belle lingua nel mondo".
Vous trouverez les textes ici.
Daniele Di Bonaventura / Giovanni Ceccarelli - Eu te amo
Bonsaï
S'il réunit un accordéon et un piano, l'album Eu te amo a un rapport évident avec le chant puisqu'il s'agit de revisiter 14 compositions d'Antonio Carlos Jobim, avec, en invités sur certaines plages, outre le violoncelle du Brésilien Jaques Morelenbaum (il a joué avec Sting mais aussi Pierre Vaiana pour un projet de Myriam Alter), le chanteur brésilien Ivan Lins et la Française Camille Bertault.
L'accordéoniste Daniele Di Bonaventura a joué avec Enrico Rava, Rita Marcotulli ou Stefano Bollani mais on le connaît surtout pour sa collaboration avec Paolo Fresu, en duo ou avec le chœur polyphonique corse A Filetta: se sont succédé les albums Mistico Mediterraneo (2011), Danse Mémoire Danse (2012) puis In Maggiore en 2015.
Né en Italie, Giovanni Ceccarelli vit à Paris. Il a gravé les albums Daydreaming en 2010, Météores avec David Linx en invité et Inventario incontra Ivan Lins.
Ici, pas de rythmes dansants de bossa nova, mais des mélodies souvent remplies de saudade, ce sentiment de mélancolie qu'on retrouve aussi dans le fado. Au répertoire, 14 compositions de Jobim, dont certaines co-écrites avec Chico Buarque (Eu te amo, Imagina), d'autres avec Vincenzo De Moraes (O que tinha de ser, Modinha, Eu não existo sem voce, Brigas nunca mais, Por toda a minha vida).
Des plages nostalgiques avec le violoncelle de Morelenbaum (Ana Luiza, Modinha, Luiza, Angela), d'autres chantées par Ivan Lins (Eu te amo, Brigas nunca mais) ou Camille Bertault (Aspraias desertas), toujours en complicité avec la sonorité ample de l'accordéon.
Une plongée dans la richesse de la musique brésilienne.
Camilla Battaglia - EMIT: Rotator Tenet
Dodicilune Dischi
Fille du pianiste Stefano Battaglia, Camilla Battaglia a étudié le chant avec Tiziana Ghiglioni, une des grandes vocalistes italiennes qui a côtoyé Gianluigi Trovesi comme Paolo Fresu.
Elle joue aussi du piano et des claviers électriques. Elle a enregistré notamment Joyspring, Tomorrow et un album en hommage à Billie Holiday.
Très ancrée ici dans le jazz contemporain aux sonorités électriques, elle s'est entourée du saxophoniste alto Michele Tino qui a poursuivi ses études à Ferrare puis Amsterdam, d'Andrea Lombardini à la basse électrique et effets électroniques, de Bernardo Guerra à la batterie et, sur trois plages, du trompettiste américain Ambrose Akinmusire (Be still in motion, Crossing the water, You Don't exist).
Attirée par l'art de la vocalise, elle est aussi passionnée par les effets électroniques.
Trois albums: un éventail de styles représentant la diversité propre au jazz transalpin.
© Claude Loxhay