Atom String Quartet: l'héritage de Zbigniew Seifert

A l'occasion de la chronique de l'album The Fifth Element du saxophoniste Cesariusz Gadzina, en compagnie de l'Atom String Quartet, on avait déjà souligné la réelle originalité de ce quatuor à cordes constitué de Dawid Lubowicz (vl), Mateusz Smoczynski (vl), Michal Zaborski (alto) et Krzysztof Lenczowski (violoncellle). Voici d'autres albums qui illustrent toute la richesse de l'école polonaise du violon, notamment en matière de jazz et cela, dans la parfaite lignée de Zbigniew Seifert: Un musicien à propos duquel la jazzosphère ne tarit pas d'éloges: "Une référence de l'approche moderne du violon" (Xavier Prévost), "Nobody plays like he did" (Tomasz Stanko).

L'héritage de Zbiggy:

Né à Cracovie en 1946, Zbigniew Seifert a commencé l'étude du violon, mais aussi du saxophone, à l'Ecole de Musique Frédéric Chopin de sa ville natale. Très influencé par la musique de John Coltrane, il a côtoyé très rapidement les meilleurs jazzmen polonais, tels Tomasz Stanko, Michal Urbaniak, Urszula Dudziak ou Zbigniew Namyslowski, mais aussi le Tchèque Jiri Stivin, l'Allemand Joachim Kuhn, le Hollandais Jasper van't Hof, l'Américain Charlie Mariano ou notre compatriote Philip Catherine.

Installé à New York, il a enregistré avec le groupe Oregon (Ralph Towner, Glen Moore, Paul Mc Candless Collin Walcot) et l'album Passion, avec une équipe de rêve: Richie Beirach, John Scofield, Eddie Gomez, Jack DeJohnette,  et Nana Vasconcelos: "Zbiggy was an angel who happened to land in Poland and chose the violin as a way to inspire, elevate, enchant and deliver a powerful message of passion for life" (Richie Beirach).

Le souvenir du violoniste reste à ce point vivace qu'il existe depuis peu une Zbigniew Seifert Competition dont le jury comprend notamment l'Américain Mark Feldman, une compétition à laquelle certains membres de l'Atom String Quartet ont participé: le lauréat 2016 n'est autre que Mateusz Smoczynski.

Ce qui caractérise le jeu de Seifert, cet univers de lyrisme et d'expressivité poussés à l'extrême, on le retrouve au sein de l'Atom String Quartet.

 

Atom String Quartet:

L'Atom String Quartet, comme tout quatuor à cordes, est constitué de deux violonistes, un violon alto et un violoncelle. Le violoniste Mateusz Smoczynski, fondateur du quartet, a collaboré avec Zbigniew Namyslowski, l'une des révélations du festival de Comblain dans les années '60, mais aussi avec Tomasz Stanko et Joachim Kuhn. Dawid Lubowicz, le deuxième violoniste, a fondé le Lubowicz Jazz Quartet. Michal Zaborski, violon alto, fait partie notamment du Sinfonia Varsovia Orchestra et le violoncelliste Krzystof Lenczowski fait partie du World Orchestra du saxophoniste Grzech Piotowski.

Avec l'Atom, les quatre mousquetaires ont collaboré avec Bobby Mc Ferrin, Gil Goldstein, Paolo Fresu, Lars Danielsson, et Urszula Dudziak. Ils ont participé aux festivals Berliner Jazztage, Baltica, Leipzig, Madrid et... Gaume Jazz Festival.

 

Les albums Places (Kayax 2012) - Atom Sphere (Kayax 2015).

Les deux albums montrent l'extraordinaire faculté des quatre musiciens à marier perfection technique héritée d'une formation classique, expressivité et inventivité du jazz et univers personnel: "Places contains mainly ASQ's compositions which are being individual reflections about music of different places in the world. The album is full of Latin rhythms, Irish folk, Spanish melodies and various Polish motives. These elements inspire to improvisation that leads to spontaneous interactions of the four strong music personalities" (texte de pochette). Le répertoire comprend ainsi quatre compositions du violoncelliste Zrzysztof Lenczowski (dont cet Irish Pub d'inspiration folk), deux de Michal Zaborski, une de Dawid Lubowicz, une de Mateusz Smoczynski et ce Fugato & Allegrina, d'inspiration classique, coécrit par Smoczynski et Lenczowski.

Ce répertoire original est complété par la composition Spain de Chick Corea, dans un arrangement très personnel du violoncelliste: le morceau débute par une citation du célèbre Concierto de Aranjuez de Joaquin Rodrigo avant que le thème de Corea ne soit développé.

Tout au long de l'album, on retrouve ces longues envolées enflammées des violons, ces pizzicati du violoncelle qui tissent une ligne de basse ou ce jeu de percussion sur le corps de l'instrument qui rythment certaines plages (La Tina). Tout cela au travers d'une alternance entre mélodies mélancoliques (Too late, Ilawa), tempo enflammé (Na 7, La Tina), ambiance folk (Irish Pub) ou côté baroque (Fugato).

Atom Sphere est un double album. Essentiellement constitué de compositions personnelles de chacun des membres du quartet et d'une compo-impro collective (Atomsphere), l'album illustre aussi ce parfait mariage entre héritage classique et référence au jazz de Seiffert. Le premier disque comprend, en effet, deux Etudes (Etiuda I et II) de Witold Lutoslawski, compositeur classique influencé à la fois par Karol Szymanowski et par la tradition populaire, à l'image de Bartok. Le second disque reprend le thème Passion de Seiffert qui a donné son titre à son album phare. Des plages mélancoliques (Ad libitum II, avec pizzicati), des tempos vifs (Happy Manhattan Island), des pièces au côté folk (Snow hunter), des mélodies dansantes (Kubanana) comme cette valse Obercology, toujours avec la même virtuosité et la même expressivité exacerbée.

 

Grzech Piotrowski: Six seasons (Alchemik Manufacture)

A la tête de ce projet Six Seasons, le saxophoniste Grzech Piotrowski qui a poursuivi ses études à l'Académy of Music Karol Szymanowski de Katowice et a formé le sextet Alchemist, vainqueur au Hoeilaert Contest en 1998. Fondateur du World Orchestra, qui réunit, autour de lui, cordes, voix, vents et percussions, il a notamment enregistré les albums Live in Gdansk (2005), One World (2009) et Archipelago (2011).

Le quatuor à cordes réuni ici est assez différent esthétiquement des albums précédents. Si on retrouve le violoniste Mateusz Smoczynski et le violoncelliste Krzysztof Lenczowski de l'Atom String Quartet, le quatuor est ici emmené par le premier violoniste Mariusz Patyra, virtuose de musique classique et Prix Paganini dont le répertoire va de Bach à Szymanowski et qui a joué avec le Polish Radio Orchestra comme avec l'Orchestre de la Fondazione Toscanini. Et l'ancrage classique est encore confirmé avec le violon alto d'Aleksandra Nikiel-Jarosinska.

Le projet est clairement ici de jeter des ponts entre grande tradition classique (le quatuor à cordes) et jazz (le saxophoniste et sa section rythmique). Ce trio rythmique est emmené par le pianiste Marcin Wasilewski, dont le trio avec Slawomir Kurkiewicz et Michal Miskiewicz est bien connu du public belge (Middelheim 2016) et a enregistré les albums Forever Young, Spark of Life ou Faithful mais a aussi accompagné Tomasz Stanko (album Lontano) et Manu Katché (Neighbourhood).

Complètent ce trio le batteur Robert Luty et Jaroslaw Stokowski, contrebassiste du quartet Meadow de Marcin Wasilewski et du World Orchestra de Piotrowski.

Au répertoire, six compositions originales, avec de beaux contrastes de climats: printemps (Wiosna), été (Lato), automne (Jesien), hiver (Zima) et deux entre-saisons, début de printemps (Przedwiosnie) et annonce de l'hiver (Przedzimie). Après une première plage, toute dédiée au quatuor à cordes, avec le piano trio en contrechamp, le saxophoniste, tantôt au soprano (Wiosna, Przedzimie, Zima), tantôt au ténor (Lato) dialogue avec les cordes: de belles mélodies, au lyrisme exacerbé, avec des envolées virtuoses du violon, un soprano volubile ou un ténor allègre. La deuxième plage (Wiosna) réserve un beau passage, très "jazz" du soprano avec la rythmique.
D'autre part, une large place est laissée à Marcin Wasilewski, avec de beaux solos de piano (Lato, Jesien, Zima).

Un projet très personnel et séduisant qui marie tradition classique et jazz: à l'image de Zbigniew Seiffer qui, à la demande de la radio de Hambourg, avait composé un concerto pour violon, orchestre et formation de jazz.

Claude Loxhay


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